jeudi 27 août 2015

Mon défilé du 14 juillet!



Mardi 14 juillet 2015, je suivais évasivement le défilé qui se déroulait comme à l’accoutumé sur les Champs Elysées et je pris un plaisir certain à contempler les hommes de la Légion Etrangère  avancer au pas lent et cadencé…puis, le reste suivit, sans surprise, sans grande nouveauté. En effet, pourquoi les fêtes dites nationales sont-elles ponctuées depuis toujours par des défilés martiaux et démonstratifs de force et de musculation ? Cela ne correspond pas à l’attitude habituelle de nos gouvernements prônant à qui mieux-mieux la paix, la tolérance, les droits de l’Homme. Vous allez me répondre que qui veut la paix prépare la guerre et qu’il s’agit là d’une tradition bien ancrée   dans l’esprit du français moyen que « s’il avait pas son défilé avec les militaires, la Légion et la Patrouille de France, y manquerait quekchose ! »…un peu comme les bals et les feux d’artifice. Soit. Cependant, je me mis à rêver, puis, à imaginer une nouvelle sorte de défilé qui pourrait plus correspondre aux tendances actuelles, comme dans un rêve rose…
« Tout d’abord, en tête, comme il se doit, le Grand Mamamouchi, chef du harem et du gynécée, la tête couronnée d’un potiron de cuir, façon Halloween, drapé dans une gandoura de soie blanche et nu dessous. Il avance d’un pas lent et hésitant, regarde sans le voir l’Arc de Triomphe au loin et jette à droite et à gauche – surtout à droite – des coups d’œil furtifs pour s’assurer qu’il n’y a pas de risque d’être conspué. De temps à autre, à la faveur de la brise qui souffle sur l’avenue, sa gandoura flotte et claque puis se plaque contre ses fesses quelque peu amorphes. A ses côtés, brun et bouclé, un enfant muni d’une tapette chasse les mouches qui l’importunent. A deux pas derrière lui, ses trois (peut-être quatre) favorites avancent de front, les yeux rivés sur l’arche, et se demandent toutes in petto si leurs cornes ne les empêcheront pas de passer dessous. Elles sont vêtues d’une toge blanche à la romaine, ample et souple, et leurs seins, allant de la calebasse à la figue sèche en passant par la poire Guyot, se balancent au rythme de la musique que joue l’Orchestre national « En Avant Toute » juché sur une estrade latérale érigée expressément pour l’occasion.
Vient ensuite Jack, le Grand Eunuque des Activités Ludiques  et ses sbires armés de cotillons et de serpentins qu’ils lancent à la foule en liesse et celle-ci tente d’en ramasser un maximum : en effet, le bruit court  qu’il y aurait parmi ces centaines de milliers de confettis trois seulement frappés d’une Marianne. La personne rapportant à la Française des Jeux l’un de ces trois confettis se verrait récompensée à hauteur de…de… (ah ! je n’arrive pas à lire la règle du jeu, les lettres sont trop petites !) bref, se verrait récompensée, ce qui est déjà pas mal !
Puis, dans la foulée, formant un peloton tiré au cordeau, s’avancent les canons d’Anjou montés sur roues de Gruyère AOC, l’ensemble tiré par des gorets-truffiers tout de cuir harnachés du groin à la queue par Hermès. La démonstration est impressionnante et donne à réfléchir aux ennemis potentiels de la France !
 Dix mètres plus bas, tiré par une Twingo série « camouflage de cambrousse », s’avance de front le joyau du défilé que la terre entière nous envie : une batterie de missiles de croisière de luxe 5 étoiles à ogives romanes et têtes chercheuses de petites bêtes. Les silos de lancement sont joliment historiés de pierres précieuses serties de griffes d’or 18 carats de chez Cartier. A ce tarif-là, on comprend qu’on en balance peu, mais on les montre… de chez Cartier aussi !
Un peu plus loin, le bataillon réuni des filles du Lido et du Crazy Horse Saloon qui avance à pas de samba sur musique Brasilia fait grosse impression sur le public masculin et petite moue chez les femmes. Vêtues de strings et de bas résille, les filles sont armées de pistolets mitrailleurs à eau avec lesquels elles aspergent la foule au Dom Pérignon : la liesse est à son comble ! N’y tenant plus, un quidam sort même des rangs et se rue vers elles, la bouche grand ’ouverte ; mais le boit-sans-soif est vite ceinturé par les CRS et repoussé derrière les barrières sous les hourvaris du public.
Serrant derrière (ça se comprend !), le régiment de sapeurs Camembert, fabriqués en Normandie au lait cru et moulés à la louche, provoque dans la foule un « Oooh ! » jubilatoire et admiratif. Il y a de quoi : chaque sapeur tient une vache normande en licou de la main droite et un bidon de fer blanc de la main gauche. L’un d’eux fait penser à Fernandel dans la Vache et le Prisonnier avec son calot sur le crâne et sa mine anti personnelle plutôt bonhomme. Les vaches, précaution élémentaire, sont équipées de couches culottes plastifiées Bouzou-Bouzou afin d’éviter de transformer la plus belle avenue du monde en une patinoire olympique… ça ferait tâche, vous en conviendrez !

         Ensuite arrive à pas de loup, la section de la promotion annuelle des ANES (Administration National Education School, version moderne de l’ENA), mode d’emploi en main et dont la présence au milieu de cet arsenal  musclé et dissuasif s’explique mal…mais il est vrai qu’elle sera chargée de faire fonctionner le capharnaüm !
Ensuite encore, la compagnie des Oies du Capital avance au pas de l’oie – comme il se doit –. Elles arborent des casquettes racailles frappées du slogan : « Y a qu’ le foie qui sauve ! » et sont cornaquées par les petits ramasseurs de balles (perdues ?) de Roland Garros habillés de shorts et tee-shirts rayés blanc et caca d’oie spécialement conçus par Jean-Paul Gaultier. De plus, là encore dans un souci de lutte contre la pollution, ils sont chargés de ramasser les éventuelles crottes des palmipèdes à l’aide de petits sacs plastique imprimés « Je fais donc je pense…à ramasser ! »
         Enfin, triomphal et conquérant, surgit le char d’assauts homosexuels, canon en érection et chenilles bien huilées. Sur sa tourelle est agglutinée une bande d’éphèbes interlope  qui balance sur la foule des bombes à eau confectionnées avec des préservatifs remplis de sirop de grenadine tandis que, tirées depuis la Place de la Concorde,  des fusées de grande détresse strient le firmament francilien de leur queue rose, mauve et parme…"

         « Tout ça a quand même une autre gueule, non ? »

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