Guêpes du Millier : vers
un dénouement?
De notre envoyé
spécial à Douarnenez, Ivan de La Serge.
On
se souvient que cette affaire avait fait couler beaucoup d’encre (voir les
numéros 1252 et 1271 du TdB) sans que la vérité soit faite pour autant sur la
responsabilité de l’attaque de touristes par des myriades de guêpes à la pointe
du Millier en octobre 2012. A la gendarmerie de Douarnenez, grâce aux renforts
dépêchés par la Préfecture de Quimper, une équipe spéciale, le Service de Gendarmerie Employé aux Guêpes (S.G.E.G.), avait même été constituée. Le S.G.E.G., sous la
responsabilité de l’adjudant-chef Bigorneau - réputé pour ne jamais rester les
deux pieds dans la même coquille -, a mené secrètement cette enquête ingrate et
difficile. Après de longs mois de traque, de déductions, de confrontations, de
contrôles, de perquisitions et surtout de persévérance, où en est-on
aujourd’hui dans cette affaire ?
CONTROLE DE ROUTINE
Grâce à quelques indiscrétions,
le TdB est aujourd’hui en mesure de révéler que l’individu suspecté d’avoir
agacé les insectes piqueurs à la pointe du Millier a été appréhendé par le
S.G.E.G. et placé en garde à vue dès le mois de février 2013. Le coup de filet
a été réalisé lors d’une opération de contrôle de routine de gendarmerie à
quelque 354 kms de Douarnenez, à l’entrée de la petite bourgade viticole de la
Chapelle-Heulin (Loire-Atlantique). Le suspect, dont le portrait-robot avait
été dressé à l’aide de plusieurs témoignages au moment des faits et placardé
dans tous les commissariats et gendarmeries du Grand Ouest, a été immédiatement
écroué sans qu’il oppose quelle que résistance que ce soit.
AUDITION A HUIS-CLOS
Le jugement a été instruit par le
parquet du Tribunal d’Instance de Douarnenez dont les séances ont été tenues à
huis-clos.
Nous avons pu, cependant, nous
procurer l’enregistrement sonore des audiences dont nous pouvons ici
retranscrire les extraits les plus significatifs.
Le Procureur : « Accusé, que faisiez-vous à l’entrée de la
Chapelle-Heulin le 5 février ? »
Mr F…. : « J’allais chercher du vin au domaine des
J…qui produit un très bon Muscadet. »
Le Procureur : « Et qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez
réalisé que le S.G.EG. était à vos trousses ? »
Mr F… : « Tout d’abord, rien, mais par la suite
j’étais bien conscient que ça allait faire mal ! »
Le Procureur : « Soit ! Mais vous êtes-vous rendu compte
que les piqûres de guêpes pouvaient faire encore plus mal ? »
Mr F… : « Non, les guêpes ont un dard. C’est une autre
paire de manches… ! »
ROBE DE GUEPE
Parmi les nombreux témoins appelés à la barre, il y eut Monsieur Maurice
Rouadec, patron de La Belle Bigouden qui, à la question du Procureur sur ce
qu’il savait de l’accusé, décréta notamment : « Ben, à vrai dire, pas grand’chose même s’il
passait souvent à la Belle Bigouden. Il se contentait de commander « une
robe de guêpe » ! Une robe de guêpe, c’est un cocktail à base de
crème de cassis, de Suze et de Ricard et, quand on le prépare, ça ressemble à
l’abdomen d’une guêpe. Il ne buvait que ça !...
Le Procureur : « Que disait-il ? »
Mr Rouadec : « Ah, ben, rien de spécial…Ah, oui ! Un
jour, il m’a dit qu’il voulait organiser un grand défilé avec des guêpes et
qu’il appellerait ça « La Guêpe Pride » !Hé hé ! Rigolo,
non ? »
Le Procureur : «Hum…ouais, si on veut ! »
Parmi les autres témoins appelés,
il faut mentionner Monsieur Kermadoué, de Ménez-Gouret, qui observa un mutisme
total probablement dû à une trop forte émotion. Mais également, Madame Laruche,
cireuse de parquets – sourde-muette de naissance – qui n’apporta pas d’éléments
nouveaux à la Justice ; Monsieur le Baron Poivreau d’Armor – 94 ans – qui
pensait assister à une reconstitution du procès de Nurmberg et qui termina sa
déposition par un « Vive Pétain ! » tonitruant ; Monsieur
Petitvello – garde-chasse à Poullan – qui, entre deux éructations, réussit à exprimer qu’il ne voyait pas
pourquoi on lui parlait de guêpes alors qu’il ne s’occupait que de lapins et de
perdreaux…
Sur ces piètres dépositions, le
Tribunal, dans sa mansuétude, a déclaré que l’affaire serait classée sans suite
et a immédiatement ordonné la relaxe du prévenu.
I.dLS
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