mercredi 4 janvier 2017

Les Guêpes du Millier (3)


Guêpes du Millier : vers un dénouement?

De notre envoyé spécial à Douarnenez, Ivan de La Serge.



On se souvient que cette affaire avait fait couler beaucoup d’encre (voir les numéros 1252 et 1271 du TdB) sans que la vérité soit faite pour autant sur la responsabilité de l’attaque de touristes par des myriades de guêpes à la pointe du Millier en octobre 2012. A la gendarmerie de Douarnenez, grâce aux renforts dépêchés par la Préfecture de Quimper, une équipe spéciale, le Service de Gendarmerie Employé aux Guêpes (S.G.E.G.), avait même été constituée. Le S.G.E.G., sous la responsabilité de l’adjudant-chef Bigorneau - réputé pour ne jamais rester les deux pieds dans la même coquille -, a mené secrètement cette enquête ingrate et difficile. Après de longs mois de traque, de déductions, de confrontations, de contrôles, de perquisitions et surtout de persévérance, où en est-on aujourd’hui dans cette affaire ?



CONTROLE DE ROUTINE

Grâce à quelques indiscrétions, le TdB est aujourd’hui en mesure de révéler que l’individu suspecté d’avoir agacé les insectes piqueurs à la pointe du Millier a été appréhendé par le S.G.E.G. et placé en garde à vue dès le mois de février 2013. Le coup de filet a été réalisé lors d’une opération de contrôle de routine de gendarmerie à quelque 354 kms de Douarnenez, à l’entrée de la petite bourgade viticole de la Chapelle-Heulin (Loire-Atlantique). Le suspect, dont le portrait-robot avait été dressé à l’aide de plusieurs témoignages au moment des faits et placardé dans tous les commissariats et gendarmeries du Grand Ouest, a été immédiatement écroué sans qu’il oppose quelle que résistance que ce soit.



AUDITION A HUIS-CLOS

Le jugement a été instruit par le parquet du Tribunal d’Instance de Douarnenez dont les séances ont été tenues à huis-clos.

Nous avons pu, cependant, nous procurer l’enregistrement sonore des audiences dont nous pouvons ici retranscrire les extraits les plus significatifs.

Le Procureur : « Accusé, que faisiez-vous à l’entrée de la Chapelle-Heulin le 5 février ? »

Mr F…. : « J’allais chercher du vin au domaine des J…qui produit un très bon Muscadet. »

Le Procureur : « Et qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez réalisé que le S.G.EG. était à vos trousses ? »

Mr F… : « Tout d’abord, rien, mais par la suite j’étais bien conscient que ça allait faire mal ! »

Le Procureur : « Soit ! Mais vous êtes-vous rendu compte que les piqûres de guêpes pouvaient faire encore plus mal ? »

Mr F… : « Non, les guêpes ont un dard. C’est une autre paire de manches… ! »



ROBE DE GUEPE

Parmi les nombreux témoins  appelés à la barre, il y eut Monsieur Maurice Rouadec, patron de La Belle Bigouden qui, à la question du Procureur sur ce qu’il savait de l’accusé, décréta notamment : «  Ben, à vrai dire, pas grand’chose même s’il passait souvent à la Belle Bigouden. Il se contentait de commander « une robe de guêpe » ! Une robe de guêpe, c’est un cocktail à base de crème de cassis, de Suze et de Ricard et, quand on le prépare, ça ressemble à l’abdomen d’une guêpe. Il ne buvait que ça !...

Le Procureur : « Que disait-il ? »

Mr Rouadec : « Ah, ben, rien de spécial…Ah, oui ! Un jour, il m’a dit qu’il voulait organiser un grand défilé avec des guêpes et qu’il appellerait ça « La Guêpe Pride » !Hé hé ! Rigolo, non ? »

Le Procureur : «Hum…ouais, si on veut ! »



Parmi les autres témoins appelés, il faut mentionner Monsieur Kermadoué, de Ménez-Gouret, qui observa un mutisme total probablement dû à une trop forte émotion. Mais également, Madame Laruche, cireuse de parquets – sourde-muette de naissance – qui n’apporta pas d’éléments nouveaux à la Justice ; Monsieur le Baron Poivreau d’Armor – 94 ans – qui pensait assister à une reconstitution du procès de Nurmberg et qui termina sa déposition par un « Vive Pétain ! » tonitruant ; Monsieur Petitvello – garde-chasse à Poullan – qui, entre deux éructations,  réussit à exprimer qu’il ne voyait pas pourquoi on lui parlait de guêpes alors qu’il ne s’occupait que de lapins et de perdreaux…



Sur ces piètres dépositions, le Tribunal, dans sa mansuétude, a déclaré que l’affaire serait classée sans suite et a immédiatement ordonné la relaxe du prévenu.



I.dLS

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