vendredi 11 décembre 2015

La Paonne du Cachemire



 La paonne du Cachemire


La Tata que j’avais louée le matin-même à Amritsar m’avait paru suffisamment vaillante pour affronter le périple et rien ne laissait supposer qu’elle irait bientôt s’épancher à la faveur des jolies boucles qui s’offraient à sa convoitise. Dans ce genre de situation,  ne sachant jamais trop sur quelle pédale danser, il vaut mieux rester sur ses gardes et ménager ses arrières d’autant que, dans le cas précis, les occasions de séduction étaient nombreuses : des optiques sans fard, un train flambant neuf, des accessoires rétro, un accélérateur de partie cul et surtout, surtout, une propension à brouter dans les côtes qui, encore aujourd’hui, me chatouille dans le dos ! « Avec elle, vous allez vous éclater », m’avait dit le tôlier, goguenard et le pouce levé, « bien sûr, elle suce un peu mais elle tire bien ! ». Je sens bien que vous êtes en train de vous demander dans quel genre de littérature vous vous êtes embarqué…
En effet, elle tirait bien la Tata, elle tirait si bien qu’au moment de rétrograder dans un virage, le levier de vitesse me resta dans la main ! Je ne sais pas si cela vous est déjà arrivé mais on se sent bête avec cet organe dans la main (ça continue !), sans savoir exactement ce qu’il y a lieu de faire : tenter vainement de le remettre en place rassure de prime abord mais s’avère peu efficace techniquement parlant ; le poser délicatement sur le siège d’à côté n’est pas plus efficace et cela fait désordre d’autant que l’une des extrémités est forcément graisseuse ; ouvrir la vitre et le jeter dans le fossé supprime une certaine angoisse mais ne supprime pas la gêne occasionnée, comme on dit dans les ERP lorsqu’il y a des travaux. Bref, on a beau gueuler à gorge déployée que « la Tata, modèle S121, année 1986, 5 portes, climatisation de série, peinture métallisée, au prix de 59.999,00 roupies de sansonnet, ça ne vaut pas un coup de cidre », on a tout même l’air idiot !...
Je devais me trouver à quelque mille mètres d’altitude, sur une route passablement tortueuse, se faufilant entre des petites falaises ocre pourpre avec, du côté vide, un parapet de pierre comme on en voit le long de toutes les routes de montagne. La végétation, plutôt verdoyante, et la température ambiante, de l’ordre de vingt degrés, me donnaient l’impression de me trouver plus dans les environs de Grasse qu’aux portes de la chaîne de l’Himalaya. Sauf que…après m’être rendu à l’évidence que sans ce fameux levier de vitesse en ordre de marche, je ne pouvais pas faire un yard de plus en avant et que j’eus l’idée un moment de tenter une descente en roue libre jusqu’au précédent village – ce à quoi je renonçai pour des raisons qu’il est inutile d’exposer ici -, j’étais descendu de la voiture et m’étais posté sur le parapet en attendant le passage d’un hypothétique véhicule. Qui passa, souffreteux, sans s’arrêter, peut-être avec la crainte de ne plus pouvoir repartir. C’est alors que j’entendis quelques grognements et cris aigus. En me levant, je pus distinguer un genre de commères inattendues qui descendaient le versant sur les fesses en se tenant aux branches des arbustes cornus, comme pour venir aux nouvelles. Des singes. Des cynocéphales, pour être plus précis. Il y en avait, je ne sais pas moi, dix…vingt…trente, assez tranquilles qui vinrent s’asseoir, comme moi, sur le parapet mais avec le recul de sécurité. Jusque-là, je n’avais vu ce genre de mammifères qu’au zoo. Là, ils évoluaient en liberté, se chamaillant à grands cris stridents pour la possession de je ne sais quelle place d’honneur et je savais qu’il s’agissait d’une espèce souvent agressive, parfois méchante. Que faire ? Rentrer dans la voiture et n’en plus bouger ? Jusqu’à quand ? Je pensais que le levier de vitesse pourrait faire office de gourdin, le cas échéant, mais…Il faut bien convenir qu’ils n’étaient pas venus là par hasard ; on sentait dans ce ballet une certaine routine, une tradition vernaculaire que j’assimilerais volontiers à notre éculé coup de la panne, (moi aussi, j’ai cru un instant qu’un contrepet se dissimulait dans ces derniers mots, mais non, désolé !) à les voir ainsi en rangs d’oignons et observant le moindre de mes gestes. Il fallait parlementer, briser la glace ; aussi, je sortis lentement de la voiture en exhibant avec ostentation, de la main droite, le paquet d’amandes que j’avais acheté la veille au marché de Jammu en guise de drapeau blanc et, de la main gauche cachée derrière le dos, mon appareil de photo, et m’avançai vers ce public pittoresque qui visiblement attendait quelque manne. L’un des singes, assez musclé, genre videur de boîte de nuit, le chef de la bande sans doute, se redressa et fit un mouvement en avant, l’air de dire aux autres : « Hey you, step backward ! You never know with that kind of bum! Well, apparently, he’s got some stuff! (Restez en arrière vous autres ! On ne sait jamais avec ce genre de pingouin ; mais apparemment, il a de la cam’ !)». Parvenu à une distance suffisamment réduite pour engager une manière de conversation mais suffisamment conséquente pour s’assurer une retraite salvatrice, j’ouvris le paquet d’amandes et en lançai quelques-unes dans le paquet…je veux dire, en direction de l’assemblée. Que le chef de la bande ramassa pour les porter à sa gueule, mais trop dures pour ses quenottes. Sous le regard agacé duquel l’un des sous-fifres déboula vivement du parapet pour rafler deux ou trois fruits secs plus un caillou puis retourna sur son séant et se mit à casser les coques. Je pense n’avoir jamais vu ni entendu, même dans les souks les plus colorés et les plus bruyants du monde arabe, une pareille foire d’empoigne. Moi qui, habituellement, adore regarder évoluer ces étranges êtres, tellement proches de notre genre, j’étais servi.
 











                                                                


« Ça ne se passe pas toujours comme çà chez M… ! »


J’étais tout de même un peu inquiet sur la suite des évènements et le déroulement de ma mission qui consistait, non pas à faire un reportage photographique sur les us et coutumes des derniers cynocéphales (si non c’est faux ?) vivant en groupe organisé dans les monts  du Cachemire, mais à faire une reconnaissance d’itinéraire entre Jammu et le site de Kishtwar  où devait être implanté une centrale hydro-électrique, à plus de 4.000m d’altitude, en passant par Udhampur et Batoti, tronçon assez confortable, puis, jusqu’à Doda, dernière petite ville possédant un hôtel – enfin un endroit où il est possible de dormir abrité -,  100 kms d’une route enlacée en lacets non goudronnée sur laquelle deux véhicules ne peuvent se croiser qu’à certains endroits, à l’instar de nos lignes de chemin de fer à voie unique. Recenser le nombre de virages de moins de 90°, le nombre, l’état et les mensurations des ponts ainsi que des tunnels et toutes autres difficultés de voirie notoires. J’avoue volontiers qu’une certaine perplexité m’envahit. Il fallait bien que ce boulot fût fait et que je le fisse fissa !...
Cependant, j’étais assez satisfait de l’effet des amandes produit sur les singes avec lesquels s’établissait une manière d’intimité vu la distance qui désormais nous séparait, quelques brasses, diraient les anglais toujours très pragmatiques, mais le paquet s’épuisait. Après avoir pu faire quelques bonnes photos qui, pensais-je, seraient du plus bel effet dans les diners mondains, je retournai à la tata pour y dénicher le hamburger froid et à moitié consommé qui avait fait mon déjeuner. J’en jetai quelques bouts à mes commensaux de fortune. Ce qui tout d’abord provoqua une partie de chat-perché mâtinée de ballon prisonnier ou, si vous préférez, de rugby américain à trente-deux sans arbitre. Puis, le calme étant revenu, ce qui permit au chef de la bande de goûter succinctement les restes, lesquels me furent renvoyés par air mail, emballage compris. Compris également le message. Le Double Special Juicy Ham d’un réputé fast fooder que je ne nommerai pas mais dont le nom commence par M, n’avait pas l’air de faire l’unanimité simiesque. « Que celui qui n’a jamais acheté un hamburger chez M…,  me jette la première pierre », eussé-je envie de crier. Peine perdue, une première salve fut tirée dans ma direction, assez anarchique il faut le reconnaître, et je dus battre en retraite derrière la tata qui prit un galet acéré en pleine calandre. Déjà, je pensais avec anxiété à la séance de l’état des lieux de restitution du véhicule et aux sarcasmes du loueur lorsqu’il découvrirait l’ampleur des dégâts : « Back bumper twisted ! Gear lever torn out! Four tires worn out ! Radiator grille dented ! My dear Sir, it’s gonna cost you a fortune! » (Le pare-choc arrière tordu! Le levier de vitesse arraché! Quatre pneus usés jusqu’à la corde ! La calandre enfoncée ! Mon cher Monsieur, l’addition va être salée ! ), sans compter ce qui restait à esquinter au cours du voyage à venir.
 Les singes semblaient de plus en plus excités vu la façon dont ils s’étaient regroupés derrière leur leader charismatique, en rangs serrés, à l’image des manifestants syndiqués qui affrontent les forces de l’ordre Place de la Nation les jours de grande mobilisation, sauf que là, ils avaient la peau lisse au derrière et non devant ! La situation était tendue et je ne voyais pas par quel subterfuge je pouvais espérer la détendre. Dommage, car la journée avait plutôt bien commencée : le ciel était bleu, l’air pur, la brise légère et la végétation environnante d’un vert amande ; au loin, par-dessus les collines rosées, on pouvait entrevoir des sommets plus conséquents encapuchonnés de neige et de nuages souples, mais loin, très loin. Nos Pyrénées et même nos Alpes font figure de gâtines à côté de la chaîne de l’Himalaya où,  à 4.000 mètres d’altitude, on a l’impression de passer le Col de la Schlucht !
« Schloung ! » fit sourdement l’impact d’une caillasse balancée par un manifestant sur la capot de la tata, ce qui me fit revenir à la réalité et à l’abri. Je remontai dans la voiture dans l’espoir de me soustraire à une éventuelle lapidation fanatique quand déboucha du virage supérieur un véhicule militaire léger, façon Jeep, suivi d’un camion léopard, débâché et transportant une douzaine d’hommes en treillis et arme au poing. Ils stationnèrent l’un derrière l’autre devant la tata et, de la Jeep, descendit le passager de gauche (c’est normal, on est en Inde !). A ses sardines sur les manches, je compris que j’avais affaire à un sous-off en goguette. Curieusement, comme si la vue des uniformes les avaient effarouchés, les singes s’étaient dispersés, les uns derrière le parapet, les autres dans les arbustes alentour et ne bougeaient plus. J’étais sorti de la tata et m’étais accoudé à la portière ouverte. L’homme s’avança vers moi tout en scrutant furtivement le sommet des falaises, suivi du chauffeur de la Jeep, à quelques mètres derrière. Arrivé à ma hauteur, il s’immobilisa et fit un salut  militaire britannique réglementaire 39, rectifié 45.
-      « Sergeant Omar Batifi, from 4th section, District of Northern Panjab”, sortit-il, mécaniquement, d’une voix de castrat.
Il avait l’air coquet avec son treillis moulé, très près du corps, et son béret vert rétréci à peine posé sur le haut du crâne. A considérer les cuirs de ses rangers et de l’étui de son pistolet dans lesquels on aurait pu se mirer, la boucle de son ceinturon astiquée au Mirror et sa fine moustache noire tracée au crayon, je compris que le Sergent Batifi était un homme méticuleux. Sauf que, sans doute en raison de manipulations excessives de cirage, il avait les ongles noirs, pas réellement sales, mais noirs. Peut-être s’agissait-il d’une coquetterie indienne masculine ? Allez savoir. En fait, maintenant que le sergent se trouvait à portée de lecture, je pus apprécier l’ourlet de son œil noir, le balai de ses cils, la noirceur geai de ses cheveux minutieusement rasés aux contours des oreilles et le médaillon d’argent pendu à une chaîne du même substrat qui s’offrait à l’échancrure de son col de chemise sur un coussinet de poils aussi noirs que roides,  un véritable écrin de crin !

















 (1) Montrez-moi votre passeport !

-       « Qu’est-ce que vous faites ici ? », me demanda les ongles noirs, avec l’arrogance que l’uniforme confère généralement à celui qui le porte. (Je tiens à préciser ici que, sans mettre en doute la capacité que vous avez à comprendre la langue de Jerome K. Jerome mais tout simplement pour des raisons de commodité, la suite de ce dialogue est retranscrite en français).
- « Ce que je fais ici ?...Et bien, vous voyez », lui répondis-je en  arborant le levier de vitesse graisseux.
- « Oh ! Qu’est-ce que c’est que ça ? »
    Il avait dit cela avec le ton d’une vendeuse de la boutique Hermès à qui on présente un fromage d’Epoisses assez avancé, ce qui me conforta dans l’idée que nos ongles noirs pouvaient bien avoir des affinités avec la tata.
-« Je suis tombé en panne et ça ne… », mais il ne me laissa pas achever ma phrase.
-« Et les singes ? », glapit-il. « Que faisiez-vous avec les singes ? »
-« Mais je ne les connais pas moi, ces singes. Vous pourriez peut-être me présenter, non ? »
-« Suffit ! Suffit ! Vous vous payez ma tête ! Vous n’avez pas répondu à ma question : que faites-vous ici ? »
Je sentais bien qu’il était rouge de colère même si cela ne se voyait pas. Les hommes étaient descendus du camion pour se dégourdir les jambes et fumer une cigarette, assis sur le parapet. Le chauffeur de la Jeep, lui, s’était rapproché dans l’ombre de son chef et étalait un sourire de touches de piano large comme deux octaves. Je décidai de dire la vérité.
-« En fait, je suis en mission professionnelle et je dois faire un relevé topographique précis de la route jusqu’à Kishtwar ; recenser le nombre des virages, des ponts et des tunnels, ainsi que leurs dimensions et leur état ; et je prends des photos… »
Le Sergent Batifi faillit s’étrangler.
-« Quoi ! Vous me dites que vous faites un relevé des ponts et des tunnels ? Avec des photos ? Est-ce que vous savez que nous nous trouvons ici au Panjab, à quelques encablures de la frontière pakistanaise et que la tension entre nos deux pays a atteint son paroxysme. De l’autre côté de la vallée, l’armée pakistanaise a mobilisé quatre divisions blindées qui peuvent attaquer l’Inde à tout moment et vous, vous annoncez benoîtement que vous réalisez un relevé des ponts, des tunnels et des routes en prenant des photos ! Montrez-moi votre passeport ! »
Ah, le passeport ! Où l’ai-je fourré ? Dans la poche droite intérieure de ma veste…Où est ma veste ? Sur la banquette arrière ! Je fouille. Rien. Mais non, il est dans ma serviette car je m’en suis servi pour louer la tata. Le voilà.
-« Voici… », dis-je en tendant le document au sergent qu’il feuilleta comme un beau livre d’images…
-« Hummm ! Françoise, joli nom ! », puis un peu rêveur, « Aaah, Paris !... », puis le tendit négligemment au sous fifre qui retourna à la Jeep depuis laquelle je le vis actionner une radio portative et parler à un quelconque QG dans le but probable de vérifier la date de mon entrée sur le territoire indien.
-« Comment pourrais-je faire réparer cette voiture ? », hasardai-je à tous hasards.
-« Silence ! c’est moi qui pose les questions ! Donnez-moi votre appareil de photos ! »
Le ton était plutôt péremptoire. Re-poche droite intérieure. Re-banquette arrière. Alors qu’il était tout simplement posé sur la banquette avant, cet appareil, que je lui tendis avec l’envie de lui demander s’il préférait que je posasse avec les singes ou bien accoudé à la portière de la tata avec la chaîne de l’Himalaya en arrière-plan mais, vu l’état d’agacement dans lequel l’avait mis mon histoire, je m’abstins. Et de fait, il ouvrit nerveusement le boîtier en s’y reprenant à plusieurs fois, se cassa même un ongle en maugréant « Oh, my God ! ‘broke a nail ! », puis extirpa sauvagement la pellicule comme un serpentin de la Saint Sylvestre et le piétina rageusement.
-« Voilà ce que je fais de vos photos de ponts et tunnels, na ! »
J’eus un léger mouvement de protestation, un peu de principe, mais, au fond, je me fichais pas mal de la pellicule que les ongles noirs foulait pédérastement – pardon, je voulais dire, avec les pieds – car, les clichés imprimés sur l’argentique ne concernaient que quelques vues touristiques de Bombay ou de Jammu et les singes. Tout de même… !
-« Par ailleurs, » continua-t-il, « je suis sûr que vous avez donné de la nourriture aux singes ! »
Je ne manifestai pas de réelle objection à cette affirmation ; aussi,  il s’écria :
-« Il est strictement interdit de nourrir ces bêtes ! Nous les avons à l’œil ! Il s’agit très probablement de singes pakistanais qui passent quotidiennement la frontière…Ils sont peut-être porteurs de virus inconnus dont l’Inde n’a pas à faire les frais, vous comprenez ? Nous sommes en temps de guerre latente et c’est pire encore que la guerre ouverte. Ces intrusions sournoises et permanentes nous causent énormément de problèmes, à nous militaires. Donc, les gens comme vous qui viennent faire des soi-disant repérages d’itinéraires et qui jouent les touristes en tentant de se faire bien voir des macaques ennemis, moi, je les coffre, OK ? »
Entre temps le sous-fifre était revenu à notre hauteur et avait rendu mon passeport aux ongles noirs en lui glissant quelques mots en indien qui pouvaient bien vouloir dire quelque chose comme « ça va, rien à signaler ».
-« Ecoutez… ! », commençai-je à arrondir les ongles – pardon, les angles – « je comprends que vous soyez, comment dire, un peu nerveux compte tenu de cette tension diplomatique avec le Pakistan, mais je pense que vos soupçons à mon égard sont exagérés. Je suis présentement beaucoup plus préoccupé par l’état mécanique de la voiture que par l’état gastrique de ces singes, pakistanais ou non, et… »
-« Taisez-vous ! », reprit le sergent en papillonnant des paupières, « sinon, je vous confisque votre passeport ! »
-« Vous n’avez pas le droit ! Je me plaindrai auprès de l’ambassade de France ! »
-« Ah ah ah ! L’ambassade de France ! Mais je me fiche pas mal de votre ambassade ! Je vous rappelle que mon pays est en quasi état de guerre avec le Pakistan, alors, les jérémiades de vos diplomates… ! », glapit-il en glissant mon passeport dans la poche de sa chemise, « …Je vous ai à l’œil ! ». Puis, me le tendant sans le lâcher : « Alors, on est d’accord, plus de photos de ponts ni de tunnels ?...Bien ! »
Sur quoi, il refit son salut, puis retourna à la Jeep d’un pas déhanché suivi de son acolyte. Avant de s’installer dans le véhicule, il se tourna vers moi et me lança un « good luck ! » plein de sollicitude.
Le petit convoi reprit la route descendante dans un nuage de poussière, me plantant là avec les singes qui s’étaient replacés aux premières loges…
    Deux heures plus  tard, alors que les premières ombres bleutées de la nuit envahissaient le vallon, j’entendis le ronronnement d’un moteur : c’était une dépanneuse qui venait à ma rescousse car le sergent Batifolle – pardon, Batifi –, tout homosexuel qu’il était et avec ses airs de paonne, n’était pas au fond un mauvais bougre ! Moralité : une paonne dépanne !
 



Cachemire, avril 1987

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